Les taux obligataires américains, un phénomène déroutant de plus

Les gouverneurs de la Fed, engagés dans un processus de resserrement monétaire, ne sont pas assis dans des fauteuils aussi confortables que cela. Car la banque centrale américaine n’est pas un endroit où l’on peut se contenter de manier des certitudes, vu la responsabilité ultime que l’on a dans le bon fonctionnement du système.

À la liste des phénomènes conduisant à se gratter la tête vient s’ajouter celui de la courbe des taux. Historiquement, son aplatissement – les taux longs (dix ans) tendant à rejoindre les taux à courts termes (deux ans) est un indicateur que l’on ne peut négliger – indique qu’une récession est en vue, rendant le resserrement monétaire en cours à contre-courant. Au 1er juin, l’écart entre les deux a atteint 40,66 points, le plus faible depuis 2007.

Peut-on toutefois se fier à cette référence historique ? À l’origine de la chute des taux longs, on trouve les 4.500 milliards de dollars d’achats de titres de la Fed, tandis que les émissions importantes du Trésor contribuent au niveau élevé des taux courts. Les « fondamentaux » de l’économie américaine n’ont que de lointains rapports avec cette distorsion, rendant la courbe des taux moins pertinente.

Que faut-il au final penser, quand on a la responsabilité de la Fed ? Peut-on prendre le risque que l’inversion de la courbe, si elle intervenait, représenterait un signal que l’on ne peut pas ignorer et dont il faut tenir compte ? L’argument de ceux qui n’ont eu de cesse de préconiser un resserrement monétaire a toujours été que l’intervention de la Fed créait des distorsions néfastes au fonctionnement du marché. Elle a choisi de réparer le système et non de le laisser vivre sa vie conformément aux souhaits de nos bons doctrinaires, avait-elle le choix ? Et voilà la confusion qui en résulte !

Pour ne rien arranger, toujours à la recherche d’arguments, les analystes trouvent dans la durée de neuf ans du cycle de croissance en cours, argument pour prédire une prochaine récession. Quand on en vient à solliciter ces mystérieux cycles, c’est que l’on ne sait vraiment plus à quoi se référer !

 

Une réponse sur “Les taux obligataires américains, un phénomène déroutant de plus”

  1. J’avoue me sentir être un vulgum pecus, face à cette machinerie énorme, qui brasse chaque jour des nombres qui ne rentreraient pas dans ma calculatrice. Je me rassure en me disant que certains savent bien, étant capables de faire des achats à 4500 milliards de dollars. Jusque là tout va bien, et le prix de la baguette, encore aujourd’hui est resté stable à 1€10. J’ai juste eu un soupçon d’inquiétude en lisant la dernière phrase, et me demandant, juste comme ça en passant : « mais le savent vraiment, ou font-ils semblant ? ». D’ailleurs, j’ai souvenance qu’il n’y a pas si longtemps, un illustre prédécesseur de cette très haute institution, la Fed, avait fait des aveux publics et sous serment, confessant in fine sa véritable ignorance, avant de se retirer discrètement pour aller couler une retraite paisible, après un si long et dur labeur….

Répondre à Emmanuel Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.